Dominic Caterina

Rencontre avec Dominic Caterina: Perfectionner son français avec confiance et persévérance

(version originale française) 

Dominic vit à Montréal, mais il a grandi à l’Île-Perrot. Passionné de musique, il a étudié la guitare jazz, joué dans différents groupes et participé à plusieurs tournées. Il a également travaillé sur des bandes-son pour des films. Aujourd’hui, il se consacre à la conception sonore pour les jeux vidéo. En plus de sa carrière, il lance bientôt son premier balado et suit des leçons de français deux fois par semaine pour améliorer ses compétences linguistiques. Il est le maitre incontesté des pronoms compléments du verbe chez MFT!  

Karine : Pour commencer, j’aimerais savoir quel a été ton rapport au français pendant ton enfance et ton adolescence. 

Dominic : Je suis anglophone, donc j’ai grandi en parlant anglais. Dans mon quartier, il y avait beaucoup de francophones, même si les deux groupes étaient un peu séparés. Quand j’étais jeune, j’avais peur de parler français. C’était dans mon environnement immédiat, alors je l’ai appris, mais c’était difficile pour moi de le parler. En grandissant, puis au cégep et à l’université, j’ai gagné un peu plus en confiance, mais je sentais que j’avais encore besoin de progresser.  

Karine : Quel a été l’élément déclencheur qui t’a poussé à chercher de l’aide pour améliorer ton français ? 

Dominic : Il y a environ un an ou un an et demi, j’ai décidé de prendre des leçons de français. J’avais cette idée en tête depuis longtemps, mais je crois que j’avais une certaine fierté. Je me disais : « Je suis Québécois, j’ai grandi ici, donc je n’ai pas besoin de leçons, c’est pour les autres, pas pour moi. » J’ai gardé cette idée longtemps, mais il y a eu un moment où j’ai réfléchi et je me suis dit : « Non, j’en ai besoin. » Je manquais de confiance et si prendre des leçons pouvait m’aider, ce n’était pas important que je sois d’ici ou d’ailleurs! J’ai lâché prise et je me suis dit : « OK, je veux vraiment améliorer mon français et accepter mes compétences actuelles. » Et mes compétences, à ce moment-là, n’étaient pas mauvaises, mais elles n’étaient pas parfaites non plus. J’ai seulement accepté où j’en étais.  

Karine : Comment as-tu vécu les leçons depuis que tu as commencé ? Qu’est-ce qui t’a surpris ou marqué dans ton processus d’apprentissage ?  

Dominic : Quand j’ai commencé, je pensais que j’apprenais le français principalement pour des raisons utilitaires, parce que je suis ici [au Québec], je dois parler français pour avancer dans ma vie. Mais plus j’apprends, plus j’aime le français. J’aime la grammaire, j’aime apprendre les conjugaisons. C’est devenu un petit jeu pour moi. J’aime essayer de penser à des phrases en français, même dans des situations quotidiennes, comme dans le métro, par exemple. J’aime traduire mes pensées de l’anglais au français. Ça c’est un peu une surprise pour moi. Aussi, plus j’apprends le français, plus je trouve que ça m’aide à parler anglais. Pour mon travail, je fais beaucoup de réunions virtuelles, et parfois, c’est difficile de parler avec confiance devant plusieurs personnes. Je me rends compte que parler français m’aide à parler plus expressivement en anglais, avec moins de tics langagiers et d’hésitations. Tous ces sons viennent rapidement d’habitude, mais quand je parle en français, je dois prendre le temps de penser à chaque mot et c’est une bonne méthode à transférer dans ma langue maternelle dans toutes les situations.  

Karine : C’est intéressant. Ça t’aide à organiser tes idées ?  

Dominic : Oui, exactement. Ça m’aide à trouver le bon mot, même en anglais. Je me rends compte que certains mots que j’utilise souvent ne sont pas les plus adaptés à certaines situations. Alors, si tu prends 2 secondes pour réfléchir avant de parler, tu peux t’exprimer de manière plus précise. Je n’avais pas prévu ça!  

Dominic travaillant sur un projet
Rencontre avec Dominic Caterina: Perfectionner son français avec confiance et persévérance 4

Karine : Est-ce que tu as vécu des moments concrets où ton français amélioré t’a servi ? 

Dominic : Oui, il y a des petits moments au quotidien où mon français est utile. Par exemple, quand je parle avec un ami francophone et que je passe de l’anglais au français, ça me donne un sentiment d’appartenance. Ou même dans la rue, quand je croise des gens qui parlent en français, je peux les comprendre et leur répondre avec confiance. Je fais aussi beaucoup d’événements de réseautage où je parle en français avec des francophones, et cette confiance de parler avec eux m’ouvre à beaucoup d’autres conversations que je pourrais avoir. Ce sont  vraiment ces petits moments qui ont le plus d’impact.  

Karine : Est-ce que tes efforts en français ont été remarqués par tes amis, ta famille ou tes collègues ? 

Dominic : Oui. J’ai un ami avec qui j’essaie de parler plus souvent en français et il l’a remarqué. C’est bon à entendre. J’ai fait quelque chose de significatif! Aussi, mes collègues connaissent ma situation et savent que je travaille sur mon français. Ils ont remarqué ma progression, et ça me motive encore plus à continuer. Si je commence [à parler français dans une conversation], c’est déjà bien! Même si je fais des erreurs. Je pense que c’est bien reçu par les francophones. Si tu essaies, les gens réagissent positivement et apprécient tes efforts.  

Karine : Certaines personnes disent qu’elles sentent de l’hostilité parce qu’ils ne sont pas francophones ou parce que leur français n’est pas parfait. As-tu déjà ressenti cela dans ta vie?  

Dominic : Maintenant, c’est toujours positif. Quand j’étais jeune, oui, j’ai vécu quelques mauvaises expériences. Quand je parlais avec des francophones, j’essayais de cacher le fait que j’étais né ici parce que je me sentais un peu coupable de ne pas parler parfaitement. J’enviais les nouveaux arrivants qui pouvaient apprendre le français sans cette pression. Mais en ce moment, je me sens mieux! C’est mon identité. J’ai grandi ici, c’est mon histoire. Je ne peux pas changer cela, mais je peux m’améliorer en ce moment et c’est ce que je fais!  

Karine : Quels sont tes prochains objectifs linguistiques ? 

Dominic: I want to have the confidence to speak and naturally follow in a group conversation!

Karine : Pour terminer, quel serait ton conseil aux autres apprenants de français ? 

Dominic : Quand on lâche prise par rapport à nos erreurs et nos projections et qu’on se concentre sur nos études, ça va mieux. Prends le temps de bien apprendre et aime ce que tu fais. C’est la même chose quand on apprend la guitare. Il y a beaucoup de compétition et de choses à connaitre. Quand tu prends ton instrument pour pratiquer parce que tu aimes ça et non par obligation, l’apprentissage se fait plus facilement.  

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut